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Under the Pink

JOURNAL DE BORD MAI 2014


 



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    Ceci constituera l'épitaphe de ce site. Cette phrase pontifiante pourrait encore passer si elle n'était dite qu'avec la prétention simple de la sincérité... non elle est aussi dite avec la prétention sournoise de générer des clics, de l'audience (et je le dis tout en n'omettant pas de saluer mes 2 seuls lecteurs réguliers!).
    Épitaphe, pourquoi? Parce que je viens de me rendre compte que depuis ses quasi 10ans d'existence (ça se fête!), ce site n'a fait, principalement, qu'encenser des œuvres (musicales à 90%, littéraire à 9), qu'aujourd'hui j'aurai bien du mal à toutes défendre. Ouais c'est moche mais c'est comme ça: Andrew Bird, Nick Drake, Lou Reed (à part Berlin), Giraudoux, Wes Anderson, Resnais, à la poubelle... ou presque!
    Autant d'artistes qu'aujourd'hui en réécoutant/relisant/revisionnant, j'aurais bien du mal à défendre - ou du moins à expliciter l'émoi qu'ils m'ont un jour procurer - c'est moche donc, et quelque part c'est triste aussi. Car à ce moment-là, quelles sont les choses vouées à résister et rester dans notre existence? L'expérience nous change, nous rend parfois plus aptes à comprendre (donc apprécier) certaines choses, mais de ce fait nous rend plus critiques, plus acerbes. Même nos œuvres de chevet ne résistent pas à cette maturité nouvelle et irréversible (Giraudoux reste pour moi l'exemple le plus frappant).

    Je me rappelle d'ailleurs qu'en démarrant ce site (2004, 2005 donc), je commençais à changer de convictions sur un type de cinéma que j'affectionnais auparavant, le cinéma français "de salon": Claude Sautet, André Téchiné... J'appréciais particulièrement ces deux réalisateurs dans ma piètre cinéphilie française (qui comme tout le monde ne jurait avant que la Nouvelle Vague, la Nouvelle Vague, et encore la Nouvelle Vague...). Ils représentaient alors pour moi un classicisme perdu. Sauf qu'à l'aube de 2004, l'alchimie n'y était déjà plus: Nelly et M. Arnaud et Ma saison préférée (respectivement des films de ces deux réalisateurs, que j'ai adoré dans ma jeunesse, qui aborde tous deux la thématique d'un amour impossible car contre-nature...) étaient ainsi passés d'oeuvres ultimes à de simples films plaisants, agréables mais trop confinés dans des imageries petits-bourgeois, avec d'interminables scènes de salons, de café, etc...
Je reste aujourd'hui sur cette impression même si les souvenirs me rendent indulgent envers Sautet et Téchiné (ce dernier surtout). Mais bon dieu, j'imagine, avec de tels matériaux de départ, ce que pourraient en faire aujourd'hui un Depleschin ou un Kechiche, avec des mises en scène plus flamboyantes, moins étriqués et plus aventureuse...

Bref, je me mets donc en tête de trouver une nouvelle forme d'appréciation, de classification (ce site n'a fait que mettre en exergue comment un cerveau confus peut faire un état des lieux, un rangement de ses goûts artistiques). Même si cela paraît long, fastidieux (désespérant presque), je dirai que la seule Oeuvre qui compte sera celle qui résistera, celle que l'on continuera à défendre après 10 années. Voici donc ce que que je pourrai recenser aujourd'hui, en cette heure précise (23h50...) :

    - je compte déjà les Beatles car -je ne saurais pas l'expliquer mais- le quatuor de Liverpool a pour moi la place de tête -et de loin- appelez ça de la nostalgie (Abbey Road en vinyle chez mes parents), de la paresse d'originalité, ou ce que vous voulez, mais bon je continue à être subjugué par leur génie. Je le dois autant à la découverte de détails encore aujourd'hui (le vinyle de Sgt Peppers se referme sur un sillon infini, si si, écoutez! :) ), qu'à l'oscillation que je me suis créé naturellement (tel un changement d'aimantation nord/sud) dans la préférence entre McCartney et Lennon: oui en ce moment j'apprécie plus ce dernier pour son épure mais je risque d'ici 2ans de rebasculer vers Macca de plus en plus sidéré par sa régularité et sa progression notamment dans ses 2 premiers solo...

    - mon goût inaliénable et parfois irrationnel pour Jodorowsky: j'ai relu dans ce cadre la Folle du Sacré Cœur pour la énième fois et dans le genre comique autobiographique, c'est magique!! Même Woody Allen à son sommet artistique et humoristique n'arrive pas à une telle richesse. Et Jodo je le défends même dans ses échecs (Dune), ses nanars (Alef Thau), on peut appeler ça de l'amour fou!

    - Alfred de Musset et Henry James, car voici sans doute le couple d'auteurs que je pourrais relire à satiété sans épuiser le plaisir ressenti. Un écrivain disait de Borges qu'on se sent plus intelligent après l'avoir lu (je le rejoins sur ce constat d'ailleurs), je dirais de la même manière que je me sens émotionnellement plus réceptif après avoir lu Musset ou James (et pourtant les deux hommes avaient des histoires et des vies bien différentes).

    - les grands paroliers, Stephen Merrit (Magnetic Fields), Morrissey (les Smiths), les frères Mael (les Sparks), ou encore Jarvis Cocker (Pulp), qui me font tous croire que 3min de pop peuvent avoir plus de puissance que l'Education sentimentale de Flaubert.

    - les meilleurs comédies des Farelly ou les Appatow du début (le dernier This is 40 est un navet assez pénible), ainsi que tous les Seinfeld, car le rire résiste à tout, y compris le temps.

    - David Lynch pour son atmosphère qui se passe de mots (et pourtant je suis du genre à ne croire qu'aux mots...)

    - Ibsen, Strindberg ou Pialat pour leur énergie dans l'aigreur et la gravité, qui pousse au vertige et à la remise en question.

    - Jonathan Richman pour sa légèreté et sa candeur communicative (nécessaire surtout après le trio de pères fouettards cités juste au-dessus...)


    Voilà j'ai cité, je crois, les préférés, enfin disons ceux qui me viennent en premier et qui me semblent avoir résisté à ces dix ans de déballages culturo-perso. C'est curieux, mais suffisamment rare pour être signalé: en relisant cette énumération, il ne me vient pas subitement l'envie de la modifier, la déconstruire. Non, elle me paraît juste, en tout cas ça me paraît un bon instantané de mes goûts et un bilan de ces dix annees passées et étalées sur une centaine de page de critiques... A l'heure actuelle il ne me vient donc pas d'autres envies que de vous dire à dans 10 ans pour vérifier si ces goûts et ce palmarès auront réussi, cette fois, à résister aux modes, à l'âge et aux influences. Dieu je l'espère! ;)