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Radiohead
The King of Limbs
Radiohead

The King of Limbs

Radiohead
Rock progressif
XL Recordings   (CD téléchargeable )

Angleterre  02/2011

ça ressemble à du Kid A ou du Eraser (Thom Yorke seul), mais c'est en fait mieux!
  
 




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      Dans les limbes ? Radiohead y ont toujours été (et pas dans les flammes comme ils l’ont dit à propos Amnesiac*), et ils n’ont aujourd’hui pas besoin de se prétendre les rois de ce domaine, ou même intitulé un morceau « in Limbo » pour nous en convaincre. Peut-être que juste l'écoute des huit morceaux de cet album est la meilleure preuve à donner, la plus éclatante à ce jour, que ce groupe a trouvé une place sensorielle que personne d’autre a trouvé, un entre-deux, une anti-chambre où on est (et on a envie d’être) en attente de quelque chose : la beauté, les frissons.. Les limbes donc, comme un rêve mais en mieux, puisqu’on a en plus la conscience et ce léger recul pour analyser et apprécier la situation. Alors oublions la critique mauvaise langue sur cet album (boudeuse d’avoir été prise de court sur cette sortie que Radiohead a fait seul, via son site, sans passer par la case 'presse'), oublions aussi les derniers petits à-priori qu’on peut avoir sur ce groupe (et j’en avais encore, des défenses face à Yorke et ses consorts), apprécions juste le talent arrivé à maturité.

    Car il en faut du talent (et du chemin) pour arriver a des albums aussi homogènes et d’aussi bonne facture que les deux derniers en date que Radiohead a sorti , à savoir In Rainbows & King Of Limbs, nouveau dyptique du groupe depuis Kid A / Amnesiac (après la transition un peu raté, Hail to the Thief). Mais pourtant la comparaison entre les deux derniers albums s’arrêtent là, car si l’avant-dernier se reposait avant tout sur la grande majorité des hits en puissance qu’il comptait (au point de ressembler à une sorte de best-of), The King of Limbs lui, qui ne compte que deux singles à tout casser (dont Lotus Flower), trouve sa beauté ailleurs : plus dans cette "qualité de l’air" et dans l’ambiance qu’il dégage. Il y a aussi beaucoup de réminiscences qui s’en dégagent (le propre des limbes) : Morning Mr Magpie laisse par exemple entendre des échos de Whithin you whithout you, le morceau d’influence indienne des Beatles de Sgt Pepper (ah, Harisson et ses lubies). Des auto-références aussi, avec des réminiscences de I might be wrong dans Little by little.
    En fait, à part le faiblard Feral, tout paraît s’emboîter à la perfection ici, les morceaux semblent se répondre entre eux, certains samples ou notes mélodiques trouvent même leur équivalent plus vaporeux à l’autre bout de l’album. Bloom par exemple, la superbe intro, qui laisse la seconde piste Morning Mr Magpie, reprendre sur la même rythmique 'à rebond' (mais en plus soutenue).Ou encore ce même morceau Morning Mr Magpie qui annonce les 'mélodies' et stigmates de Separator (un peu la pierre angulaire de l'album). Ou enfin le folk Give up the ghost qui termine par des « Into your arms » en echo, de la même manière que Separator juste après clôturera l'écoute par des « Wake me up » se répétant à l’infini jusqu'à se dissiper. Le meilleur moment...

    L’album gagne bien évidemment à être réécouté et dans de bonnes dispositions, c’est curieux : j’ai dû par exemple, à ma troisième écoute, totalement passé à côté et rien retenir de plus que de vagues bribes de notes pas mélodiques, de samples pas très jolis, bref quelque chose d’assez chiant au final. Sans jouer les mystiques, c’est indéniablement un album qui doit être perçu comme un tout, et qui doit être assimilé sous son meilleur angle (comme un prisme qu’on devra tourner sans cesse jusqu’au moment où il nous révélera tout  le spectre de la lumière) : pour cela, il se doit d’être écouté et réécouté, et dans les meilleures conditions possibles (bien sûr moi qui vous parle, je fais le malin mais je n’ai pas dépassé le stade de la version mp3, 320kbps, mais vous, faites-le! ), et ce pour bien en apprécier toute la ‘matière’.

    Et c’est sur ce dernier point que je voulais conclure, la matière, car The King of Limbs a réussi à obtenir ce qui manquait à Kid A pour être véritablement l’abum génial et révolutionnaire qu’on a un peu rapidement auréolé : une ossature. Kid A manquait de corps : pas de rythmes, que des notes étendues sur cinq minutes de pistes (Treefingers), des morceaux mous et flasques (Kid A, In Limbo), entrecoupés de chef d’œuvres, il est vrai.. Mais là, dans les Limbs, il n'y a certes plus de gros chefs d'oeuvre, mais à la place toute une colonne vertébrale rythmique: des percu organiques, maîtrisées et déclinées d'un bout à l'autre, sur une vaste palette de sonorités (alors que d’autres groupes se contentent d’utiliser la même boîte à rythme ou le même coup de caisse claire).
    Est-ce exagéré même de parler de signature désormais: dans cette rythmique donc, mais aussi dans ce talent de l’épure dans les ballades au piano toujours (Codex, succédant à Videotape) ? Cette signature est désormais leur empreinte, cette chose qui ne pourra jamais leur être ôtée et qu’on va attendre patiemment dans leurs prochains albums.
C’est beaucoup d’attente et de pression placées sur cinq pauvres hères, mais après tout, cela fait des années qu’on condamne Radiohead à l’excellence (et la tendance actuelle nous laisse croire qu’ils sont tout à fait capables de relever le défi).




* : Thom Yorke disait qu’il fallait voir le dyptique Kid A / Amnesiac de la façon suivante : Kid A décrit la vue d’un incendie, au loin, dans la nuit, alors qu’Amnesiac en est la vision centrale, au beau milieu du feu. L’analogie se ressent un peu sur Morning Bell, décliné en deux versions (.. et un peu sur les deux pochettes, aussi)

A ne pas manquer:
    Separator
    Lotus Flower
    Morning Mr Magpie
    Codex

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     Bjork