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![]() Under the Pink |
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Ça vous rappelle quelque chose ?? Certains répondront par la chanson de Tim Buckley de début 70 -bravo à eux- tandis que d’autres citeront la reprise éthérée de cette même chanson par Mortal Coil (moins bravo à eux, surtout s’ils me citent la pub Cacharel comme référence). D’autres moins concernés par ces références d’un autre âge pourront faire allusion à une chanson sortie au beau milieu du mois d'octobre 92, une bonne scie électro composée par un groupe électro né dans la scène big-beat anglaise (Hacienda, Manchester, la culture acide : vous savez, toutes ces choses que vous n'avez pas connues, et moi non plus ?) … Cette chanson d’une structure évidente, un cri de femme à mi-chemin entre l'alarme d'usine et l'incantation religieuse, répété en écho jusqu’à saturation du son -et de nos oreilles- est un modèle du genre. Franchement entraînante, elle paraît même évidente, comme si elle avait toujours résonné dans nos oreilles – le propre des grandes chansons… Le duo auteurs de cette chanson se dénommaient Dust Brothers, nom qu'ils avaient humblement emprunté en hommage aux célèbres producteurs hip-hop américain du même nom (ne jamais oublier cette volonté inaltérable de ce duo à vouloir rendre hommage avant tout, un trait de caractère qui ne va pas les quitter tout au long de leur carrière…) Donc les Dust Brothers –qui devront bien vite abandonné ce nom sous la pression des vrais Dust Brothers, peu sensibles à l’hommage – se rebaptiseront cette même fin d'année 92 les Chemical Brothers, et c’est là la genèse d’une belle histoire qui fête aujourd’hui ces vingt ans… ![]() Je ne vais pas m'adonner dans cet article à une biographie de ce groupe que je respecte profondément et dont je suis l’activité depuis deux décennies, car je n'en suis pas capable (et puis, Wikipédia est très bon pour ça). Ce que je voulais plutôt faire, c’est dresser pêle-mêle des souvenirs que ce groupe me rappelle : une vingtaine d'années, des débuts de l’adolescence à un âge mûr (celui qui précède l’âge pourri comme dirait Desproges..), tant de souvenirs, de joies et de déceptions, des chansons que je ne pourrais jamais dissocier d’un contexte (Life is sweet et tous ses avatars), des albums que j’aurais usés jusqu’à leur moindre rainure (Surrender), des interviews et des découvertes connexes (Mercury Rev, The Spiritualized et Mazzy Star peuvent leur dire merci…). Je ne pourrais donc pas faire le kaléidoscope de souvenirs et d’émotions que ce groupe m'évoque. J’ai grandi avec, et quelque part, leur musique pourrait décrire toute ma jeunesse. Je ne vais donc ici que relater des faits qui pourront paraître anodins, voire ridicules, mais qui recèlent mille secrets à mes yeux. Une anecdote par année, plus ou moins dans l'ordre (de toute façon l'exactitude dans les dates n'est pas à juger ici..):
Les plus attentifs pourront constater que ça ne fait pas exactement vingt anecdotes, étalés sur vingt ans Toutefois... cest comme si je les connaissais depuis 92, voire même depuis toujours... Le son des Chemical m'a en fait toujours paru simple et limpide: leur volonté de procurer du plaisir est palpable dans chaque morceau, même les plus mauvais... c'est cette évidence joyeuse qu'on leur reproche, car on préfère se dire que le génie musical ne peut naitre que dans la douleur et la complexité (Thom Yorke, si tu nous écoutes...). Et puis il y a aussi cette façon à toujours rendre hommage à leurs pairs, comme si leur art en dépendait, et qu'il fallait rendre des comptes et épuiser les influences afin de pouvoir avancer. Considérez seulement: Oasis, Mercury Rev, The Charlatans, Flaming Lips, The Verve, New Order, Tribe Called Quest, Quincy Jones, Mazzy Star, Bloc Party, Klaxons, The Magic Numbers, Midlake, Manic Street Preachers, The Spiritualized... ce n'est plus une liste de featuring, c'est le panorama du meilleur de la musique de fin 80 / 90 et 2000.... Et que dire aussi des clips, dont les meilleurs réalisateurs ont été révélés par les Chemical: Spike Joncze qui sublime sa femme de l'époque Sofia Coppola (dans un clip, Elektrobank qui résume mieux que nimporte quelle oeuvre le mythe de la jeunesse américaine) et Gondry déjà cité au-dessus..
Et c'est sur ces deux décennies de musique et d'images rendues possibles par l'existence d'un grand groupe anglais que je vais conclure ce trop long article. Je ne vais pas convaincre des gens qui réduisent un style de musique à un "boum chack boum" (alors que ça peut être aussi "boum boum chack boum", non mais franchement...). Je vais par contre revenir à la petite piste évoquée plus haut, peut-être mon dernier recours à vous inciter à (re)découvrir ce groupe. Comme je disais auparavant, les Chemical Brothers me semblent refermer un secret que je ne saisis pas forcément, à l'image de cette nouvelle d'Henry James, Le motif dans le tapis, où il est expliqué que l'enjeu de chaque artiste est de réussir à créer une soif de quête chez tous ceux qui les suivent. L'œuvre entière doit vouer à dessiner un motif, et pour moi, le motif de Chemical serait inclus dans un dessein plus grand. Alors est-ce le Tomorrow never knows de Lennon? (présent de Let forever be à Setting sun,en passant par le titre Surrender..) Ou autre chose que je découvrirai dans quelques années? c'est un peu comme un film de Lynch: j'ai hâte de le découvrir ou de me fourvoyer encore dans des fausses pistes, la quête étant plus importante que la solution elle-même... ![]() |
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