31.Papas & Mamas

The Mamas & Papas
Pop psychédélique
Dunhill   (Album Original )
Etats-Unis  10/1968

    Il y a un risque de se faire incendier ou traiter d'has been en proclamant sa passion débordante pour ce groupe californien à qui on doit l'archi rabaché California Dreaming (vous avez remarqué le nombre de groupe psychédélique de l'ouest américain qui utilisent ce vers qui n'a pourtant rien de très poétique : « All the leaves are brown », quelle idée, c'est un peu comme si toutes les femmes de la variét française se mettaient à parler des feuilles mortes de leur yucca, ou si Montand aidé d'un compositeur un peu talentueux se mettait à partler de ces mêmes feuilles qu'on ramasse à la pelle, ridicule !). Mais c'est aussi pour ces cœurs assez crispants que les Mamas & Papas (peut-être à cause de ce nom aussi…) ont accédé à la place des groupes les plus détesté des enfants, mais des préférés des parents (et leur grands-parents, je n'en parle même pas !). Mais ce que ces mêmes enfants ne savent pas, c'est que The Mamas & the Papas fait surtout partie de ces groupes assez barrés, style Beach Boys ou Fleetwood Mac ou encore les Ronettes de cet allumé de Phil Spector, qui chantent du naïf et de l'enfantin, mais dont les membres n'ont rien de naïfs et d'enfantins, eux. Déjà ils se droguaient, mais pouvait-il en être autrement quand on fait de la folk / pop flower en plein boom de ce mouvement en Californie. Puis parlons ragots : la comparaison avec Fleetwood Mac n'est pas anodine, tant le groupe aura été déchiré par des drames conjugaux. Mais ici, ça tourne à la tragédie grecque. En effet placez dans le même groupe, deux hommes pantin : un formateur John Philipps qui aura au préalable abandonné femme et enfant –rien de moins-, pour se marrier avec la première Mama, Michelle, et un autre Papa, Denny Doherty un brin détaché et suffisamment hableur pour susciter la jalousie du premier. Du côté du beau sexe, nous avons droit à une beauté fatale un brin mystérieuse, Michelle Philipps , au côté d'un monument de femme, Cass Eliott qui, si on la taxait de forte, crierait avec humour à l'euphémisme, découverte par Doherty, femme au talent rare et à la voix déchirante (peut-être la seule à toucher au génie) éperdument amoureuse de Doherty qui lui l'est bien entendu de la belle Michelle, qui aura une relation avec ce dernier, et qui rendra fou de jalousie son mari de John, qui ira jusqu'à la virer (marquant le début du déclin du groupe). A rajouter à cette tragédie amoureuse condensé en 3 ans, la mort de Cass, on a vraiment tous les éléments pour faire un soap d'envergure : le triangle amoureux, la « laideur » saturée de talents et forcément amoureuse style Cyrano, la jalousie et la paranoïa entraîné par la beauté pure et facile, puis la Mort bien sûr. Nom de Dieu, ça donne des envies d'adaptation au cinéma, tous ces symboles ! Bref un destin assez tragique, qui ira vers des compromis imposés par l'industrie (Michelle sera rappelée par son ex-mari, vu que sans elle et son beau minois, le groupe perd son public !), et qui rendront chaque chanson douce amère parfois poignante, car c'est toujours plus beau quand les paroles sont ressenties, quand les histoires racontées sont vécues de l'intérieur, comme dans For the love of Ivy ou Twelve thirty (on pense à l'album de rupture Tusk des Fleetwood, où les quatres membres chantent leur rupture telles que dans Storms ou Beautiful child). Telle est donc la première raison d'aimer et de redécouvrir ce groupe. Puis pour parler un peu de la musique quand même, on découvre un groupe qui, s'il fallait enlever le tout dernier album complètement anecdotique, saturé de country sans invention, People like us, a fait un quasi sans faute. Déjà on leur doit un premier album, LE grand succès du groupe qui réunit les plus grands tubes ( California Dreaming bien évidemment, Spanish Harlem,…), puis trois autres qui iront en se complexifiant jusqu'aux deux sommets du groupe, Deliver en 1967 (avec deux reprise magique, une version douce du Twist & Shout, et le sublime Dedicated to the one I love, sans oublier l'autobiographique Creeque Alley, où il parle de toute leur bande, Scott Mc kenzie pour qui ils ont composé If you're going to San Fransisco ou Barry Mc Guire, où surtout il parle sans pudeur de l'empatement de la grande Mama Cass !!!), puis Papas & mamas en 68 . Dans ce dernier : que des chefs d'œuvres en montagne russe, des morceaux à l'image de la musique classique, en plusieurs mouvements (excepté –et encore- la musique la plus célèbre, la jazzy voluptueuse Dream a little dream to me, sans doute écrite que de la main de Cass Elliot): en guise d'exemples, Midnight Voyage, où la musique est en train de se faire, qui montre l'animosité dans le couple Philipps, où For the love of Ivy faite de changement de rythme. Un album comme le Present tense de Sagittarius ou Forever change de Love, qui marque la richesse du psychédélisme californien, pas ausi naïf qu'on veut bien le croire.

A ne pas manquer:
    Midnight Voyage
    For the love of Ivy
    Safe in my garden
    Dream a little dream to me

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
     Jonathan Richman
     Sagittarius
    Fleetwood Mac
    Sonny & Cher