33.Rather Ripped

Sonic Youth
Grunge
Geffen   (Album original )
Etats-Unis  06/2006

  Excepté les Beatles (et quelques confrères de l'époque), quel groupe aura été selon vous le plus influent de la scène rock internationalé ? inutile de chercher plus loin, de relire ses archives ou de réécouter ses vieilles galettes, la réponse se résume sous cette appellation, ce si joli nom (si riche de sens), ces deux mots de 5 lettres chacun: S-O-N-I-C  Y-O-U-T-H.

Au palmarès, on peut déjà dire que Sonic Youth se situe dans la droite lignée de Neil Young et de ses Crazy Horses (c'est dire la lignée noble dont ils peuvent se targuer, à noter d'ailleurs que le Loner canadien a fait de nombreuses tournée en compagnie du groupe underground new yorkais), puis ensuite que ce groupe de discrets américains aura marqué tour à tour les Pixies puis Nirvana (les deux groupes phares du grunge dans les années 90, en somme), avant de finalement devenir une influence quasi constante auprès de la plupart des groupes rock, punk, ou post-rock d'aujourd'hui. La descendance du groupe est belle et incalculable en fait, tandis que sa renommée est quant à elle très restreinte. Il faut dire qu'ils n'ont jamais fait le moindre effort pour se rendre charismatique sur scène ou pour défrayer la critique de faits divers clichés (la place étant peut-être aujourd'hui déjà prise par Pete et Amy…).

Obscures, les Sonic Youth le sont clairement, et ce depuis de trop longues années pour pouvoir aujourd'hui prétendre à une certaine célébrité. Trop tard, la place d'icône ayant été rafflé par Kurt et ses Nirvana (qui a ainsi tout autant laissé sur le carreau les Pixies ou bien Sebadoh). Mais néanmoins Sonic Youth, ou du moins juste leur nom continue à véhiculer toute sorte de fantasme sans qu'on sache toujours à quoi ressemble leur musique (pourtant si marqué). Ils sont ainsi souvent dépassé par leur propre mythe underground, devenant les nouveaux Velvet. Ceci ne les aidera d'ailleurs pas forcément: puisqu'ils sont aujourd'hui trop ouvent associé à une forme de snobisme et à une intelligentsia un peu gauche caviar…
Bon, mais si on excepte cette récup' un peu discutable, des collaborations "pour la forme", puis quelques projets artistiques foireux (je n'ai pas vu leur exposition à Saint Nazaire), les Sonic Youth restent l'un des groupes les plus reconnaissables, les plus stylées d'aujourd'hui (après un quart de siècle d'activité). Le son de guitare clair enveloppé dans un bruit blanc maîtrisé est unique et fait figure de signature. A l'instar d'un film de David Lynch, on sait dès la première seconde qu'on est en présence d'un album de Sonic Youth..
Avoir un style (et quel style!), une pâte à soi, c'est quelque chose de suffisamment rare pour ainsi le souligner…

Sonic Youth en plus de cela a fait pas mal d'albums qui peuvent faire date: en premier Daydream Nation (avec l'emblématique Teenage Riot), puis aussi Goo, Dirty et Sister dans les années 90. Durant plus d'une décennie, les albums se suivront et se ressembleront tous un peu, avec parfois des petits écarts de style: parmi eux, Dirty s'affichant plus grunge et commercial (un single sulfureux et intense: Sugar Kane), ou bien Murray Street lorgnant vers le post-rock, genre instrumental qu'il peuvent maîtriser comme personne (à écouter: Rain on Tin).

Le dernier 'vrai' album en date, Rather Ripped clôt avec classe une longue période de clair-obscur (dont l'avant dernier, Sonic Nurse, pas vraiment génial). Cet album n'est certainement pas le plus novateur, mais il n'en reste pas moins en tout point parfait. Pas le plus révolutionnaire, mais d'autant plus immuable.
Bien sûr, s'il fallait départager les albums sur l'impact qu'ils auront su infliger, il aurait fallu bien évidemment parler de Daydream Nation. Mais Rather ripped, album plus discret, est une telle mine à singles potentiels, une telle source de titres à écouter en boucle que je ne peux me résoudre à parler d'un autre… Sonic Youth a manifestement atteint dans ce disque une forme de perfection dans leur style, pouvant alterner avec aisance rock énervé (Incinerate, What a waste) et  ballades reposantes (Turquoise Boy, Sleepin' around).
Et puis il y a le chef d'œuvre situé presque en conclusion, Pink Steam.  LA piste de l'album. Ce morceau magique, de plus de 7minutes, constitué de 5minutes d'instru et d'un final chanté, quasi susurré (jamais la voix de Lee Ranaldo n'aura été aussi belle, aussi sensuelle… surtout quand il dit avec langueur: "I just come by to see you quiver"). Les membres du groupe retrouvent avec ce morceau leur éclat passé, celui de Teenage Riot ...
De quoi faire taire les gens qui taxent l'album de trop commercial, ou qui prétendent que le groupe est aujourd'hui en perte de vitesse et ne fait que se répéter…

Pfff, bande de gens de peu de foi, tiens!!

A ne pas manquer:
    Pink Steam
    Incinerate
    Neutral
    Reena

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
    The Pixies
    Sebadoh
    Wire