39.Tindersticks

Tindersticks
pop rock
This Way Up   (Album Original )
Angleterre  08/1995

    Comme The Magnetic Fields (très comparable), Tindersticks est un de mes groupes préférés pour son indépendance et sa régularité. Je pense même pouvoir dire qu'aucun de leurs albums ne pourra me décevoir, au contraire, je pourrais même pousser plus loin en proclamant véhémentement aimer toute leur discographie de plus en plus avec les années, preuve : ce deuxième album, éponyme, riches en joyaux, d'une variété insoupçonnée qui gagne à chaque écoute… Certes, un album de Tindersticks, c'est triste, ça vous file un sentiment de tristesse qui persiste, passée la dernière piste de l'album (hormis peut-être l'avant dernier album, Can our love, le plus positif, avec sa jaquette amusante du barbu et du cheval, qui est aussi d'ailleurs l'une de leurs jaquettes les moins laides !). Mais là est l'originalité de Tindersticks, son style, reconnaissable dès les premiers accords. Tiens, parler des premiers accords me fait penser aux conditions de découverte de ce groupe, si représentatives de ce qu'ils peuvent me faire ressentir. C'était durant un film, magnifique - quoique je ne peux plus le regarder tellement il est horrible : Trouble everyday, le plus plausible des films sur le vamlpirisme ou le cannibilsme (oh, ce cri poussé par l'homme que Béatrice Dalle dévore durant le coît … à vous hanter à jamais). Bref, durant ce film, il y a ce violon enivrant, puis il y a ce générique d'ouverture, cette voix grave et romantique à la Lou, euh je veux dire… à la Lee Hazlewood (sans Nancy Sinatra et la touche érotique donc !), mais triste. Le thème de Trouble everyday reste à mon sens la plus belle musique que le groupe ait composée (suivi de très près par Until the morning comes, single de leur dernier album, capable d'apporter romantisme et grâce à l'acte d'euthanasie !). En fait ,dans Tindersticks, groupe de pop, spécialisé dans les ballades, elles-mêmes enrichies par un violon toujours parcimonieusement placé, il y a beaucoup d'Alain Bashung, la voix et le romantisme sans doute, mais il y a aussi énormément de Velvet ( El Diablo en ojo). Par exemple cette manière de chanter à la Lee, euh je veux dire… Lou Reed, de parler de temps en temps sur d'interminables pistes musicales, ce goût pour les ballades douces-amères, et même parfois la même volonté à triturer le violon (notamment dans ce premier album dans Talk to me) pour la petite pincée expérimentale. En tout cas, cette influence aux groupe new-yorkais est très palpable dans ce premier album, où on a l'impression que la formation se cherche. Par la suite, Tindersticks aura trouvé son style et restera fidèle à son statut de groupe de pop romantique (au côté de Divine Comedy, entre autre…). On pourrait aussi parfois reprocher leur manque d'originalité, à dérouler des albums irréprochables sans jamais prendre de risque (pas comme un Radiohead ou une Bjork, qui sort en ce moment son album le plus expérimental, pour la BO du film de son artiste de mari Matthew Barney Drawing Restreint 9). Des risques, il y a en fait pas mal dans ce disque, le plus varié de toute leur discographie, donc. On y trouve des pistes musicales, très cinématographiques (des années avant Claire Denis, c'était un signe !), d'ambiance, où le rythme s'accélère (My sister, Sleepy Song, Singing, la magnifique comptine Cherry Blossoms, ou les Vertrauen). Dans cet album, hormis Mistakes ou peut-être Tiny Tears, on ne trouve certes pas de ballades aussi belles que Trouble everyday ou Lets pretend de Curtains, mais c'est résolument le seul à pouvoir se prétendre « dansant ». Et on se met alors à rêver : les Tindersticks pourraient, s'ils arpentaient d'autres sentiers, faire de bien magnifiques albums enjoués comme le montre leur duo avec Isabella Rosselini, A Marriage in Heaven (d'ailleurs, l'éponyme n'est pas dépourvu du duo habituel, avec un Travelling light chanté avec Carla Torgensen des Walkabouts , sorte d'écho au duo avec Lhassa, Sometimes it hurts). Cela viendra sans doute un jour, pour l'instant réjouissons-nous en tout cas de cette qualité d'écriture sans faille, de ce violon, de cette voix magnifique, bref de toute ces choses qui font que Tindersticks possède, contrairement à d'autres spécialistes de la ballade FM (genre Coldplay, quoique leur dernier album X&Y est plutôt sympa : ils y assument enfin leur statut de remplaçants de U2 !), une espèce de grâce inaltérable qui les rangent d'emblée parmi les classiques, entre Left Banke et le Velvet.

A ne pas manquer:
    Mistakes
    Tiny Tears
    Talk to me
    Travelling light

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
    The Magnetic Fields
    The Velvet Underground
    Divine Comedy
    Lee Hazlewood
    REM