43.Doolittle

The Pixies
grunge
4AD Records   (Album Original )
Etats-Unis  04/1989

    La flamboyance, ce n’est pas donné à tout le monde… Cela doit peut-être arriver -bon allez on va être généreux- tous les dix ans dans le rock : un group reprend le flambeau (tiens, & sans jeu de mot prémédité, je vous assure), du groupe le plus flamboyant. Et force est de constater que les Pixies ont clairement repris la main sur les Clashs, groupe qui aura écrasé la fin des années 70 et tout le début des 80… La flamboyance, c’est d’ailleurs le cœur du sujet de leur titre Into the white (que je ne peux m’empêcher de voir comme un avatar lumineux de Into the Black de Neil Young) , chanté par Kim Deal, musique sublimant la grandeur atteinte lors d’une simple musique rock de 4mn (le rock plus rapide que le grand Quasar –la vitesse de la lumière-, capable d’intercepter les météorites, là même où il n’y a plus de jours, plus de nuits, trop fort, quoi…), single qui ne figure tristement sur aucun des albums des Pixies…

  Au départ réticent face à ce groupe (surtout par rapport à leur étiquette grunge, de fausse légende chez les branchés –alors que ceux-là même ne connaissent que Were’s my mind qu’ils ont découvert dans le générique de fin de Fight Club-, et surtout par rapport à leur statut de mentor de Nirvana, groupe que je n’apprécie qu’à petite dose), je ne me suis mis que très récemment à écouter Come on Pilgrim, Surfer Rosa, BossaNova ou Trompe le Monde (leur dernier album, trop critiqué, pourtant à mon sens leur deuxième meilleur, et sans conteste le plus original : avec Alec Eiffel, planant hommage à notre Gustave national – cocorico, eh, il n’était pas phallique mais aérodynamique, petit Eiffel !-, Head On, reprise aux Jesus & Mary in Chains, bien plus puissante que l’originale et ma musique préférée du groupe) et surtout – oh oui surtout- ce Doolittle, qui écrase tout, qui ferait presque office de best-of du groupe (peut-être pour ça qu’aucun best of n’a été édité durant près de 10 ans)! Car les Pixies n’ont pas toutes les poses et les stéréotypes du groupe grunge, ils sont au-delà des classifications, imprévisibles, impossibles à enfermer, ils passent du grunge au hard (Planet of Sound), de la musique hispannique (Vamos) à la pop (Caribou) d'une simplicité déconcertante, de l’épuré (Hey) au power-pop punk (Broken Face, à 200 à l’heure) . Ils sont aux cimes de leurs instruments attitrés, de leur vocalise et de leur écriture, par ailleurs très libre, alliant toujours des mots destructeurs avec une musique lumineuse, le tout sous une inspiration à l’imagination débordante allant de la Mythologie –l’énucléation à la cuillère de Samson dans Gouge Away- à des citations de films –« oun Chien andalousia » de Bunuel dans Debaser. L’adjonction de la voix de chien de Francis Black (futur Franck Black pour sa carrière solo) avec celle de la bassiste Kim Deal (future créatrice avec sa sœur des Breeders à qui l’on doit le tube Cannonball) est à chaque fois sublime, de Debaser à Gouge Away, sans oublier bien sûr les singles Monkey’s gone to heaven & Here comes your man avec son « so long, so long » (la piste qui prouve bien que les Pixies sont tout aussi doués pour la mélodie traditionnelle).
La diversité (jonglant de l’épure de Hey, à l’amusant sifflement de La la love you, en passant par la complainte ultra-changeante de Mr Grieves, par le "patchanka" à la Mano Negra de Crackity Jones , ou par le tube grunge Waves of Mutilation) et la puissance des chansons (tout de même : Debaser, Here comes your man, Waves of mutilation, et Gouge away réunis dans un même album !) expliquent enfin pourquoi les Pixies garderont pour toujours cette aura privilégiée dans le monde du rock (de Bowie à Nada Surf). Rien que Debaser, la musique la plus festive qui soit, devrait suffire à vous convaincre, avec ces paroles, ceux d’un homme qui vient tout juste de voir Un chien andalou, et qui se meut en « Debaser », en celui qui dégrade, qui rabaisse…. Ah ah ah ooooh…..


PS : à découvrir aussi, le tribute des Pixies, très sympa, souvent très (trop) fidèle aux originaux, avec une belle version au violon de Waves of Mutilation, une reprise quasi identique de Velouria par les Weezers, ou un Where’s my mind très slow de fin soirée par Nada Surf … ou mieux encore, courrez acheter le tribute dit ‘japonais’ des Pixies, nettement plus original, avec une version samba de Debaser. Interprété par Feed. Dieu, que j’aime cette chanson !

A ne pas manquer:
    Debaser
    Gouge Away
    Waves of Mutilation
    Monkey's gone to Heaven

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
    The Stooges
     Television
     Silverchair
    Nirvana
    Jesus & Mary in Chains
    the Breeders