45.10000 Hz Legend

Air
Electro pop
Astralwerks   (Album Original )
France  05/2001

    Je n'ai vraiment pas compris pourquoi cet album a été boudé, pourquoi il s'est fait même parfois tant traîner dans la boue (qu'est-ce qu'on a dit sur lui déjà ? ah oui : « trop ambitieux ou prétentieux », « trop beckien », « trop mièvre ou gentillet », et le plus souvent dans tous les cas : « trop bancal ! »). Pourtant n'est-il pas varié, majestueux, avec son intro organique (cette rythmique, comme un battement de cœur, et ces paroles robotiques, un brin pompeuse, mais très annonciatrice) et ces pistes utra-ambitieuses, passant de style en style au sein même d'une seule piste ( Don't be light). Sans doute que c'est pour ça qu'il a dérouté, qu'il n'a pas pu être apprécié comme Moon Safari, album d'une séreinité déconcertante (surtout pour un premier album, où généralement, on cherche à se faire remarquer) : 10000Hz Legend, ce n'est plus Air, ou alors en tout cas pas exacement le même que celui du Safari ou du Talkie Walkie. «Qui trop embrasse mal étreint.»… Voilà pour bien résumer ce rendez-vous manqué entre le public et cet album, mais peut-être qu'après décantation, on saura découvrir toutes les richesses de cet album, une à une, si nombreuses soient-elles ? Pour l'instant, de mon côté j'ai commencé l'inventaire de ses mérites : 
(1) une influence folk et country (apporté par un Beck « original », notamment sur The Vagabond , vampirisant un peu tout l'album, mais au moins de sa meilleure veine);
(2) un juste équilibre entre partie musicale et partie chanté, entre guitare et synthé ( Electronic Performers, Sex born Poison, The Vagabond, People in the City…) ;
(3) des arrangements orchestraux somptueux (la fin d' Electronic Performers, celle de Wonder Milky Bitch, le début de Don't be light, tout droit sorti de la tête de Danny Elfman, apparemment !) ;
(4) une construction très complexe, à deux voix, trois même ( Sex born poison, Wonder Milky Bicth, Lucky und Unhappy, Don't be light, Radio #1 même, avec à la fin cette voix de présentateur radio qui fredonne l'air, mine de rien l'idée exploitée là est remarquable !);
(5) un choix d'arrangement électronique qui prend bien plus de risques que dans les albums précédant et suivant (la voix grave filtrée d' Electronic Performers, celle un brin ridicule du kitsch How does it make you feel, celle parlante, un peu à la DJ Shadow, du début de Wonder Milky Bitch –décidément toujours les mêmes morceaux cités !-, les interférences inquiétantes de Caramel Prisonners ou de Sex born Poison, ou le son grésillant, un peu à la Daft Punk, à la fin de la seule piste intégralement musicale Radian; les premières notes rebondissantes du début de Don't be light, qui se marient à merveille avec l'orchestration symphonique)…

  Voilà tout ce que je peux pour l'instant décanter de l'album, plein d'autres éléments me viendront par la suite, j'en suis sûr, en tout cas, je persiste à penser que cet album n'est pas tant une trahison que ça, tout le monde pensait que Air oubliait ce qui faisait leur originalité, cette sonorite qui permet de les reconnaître entre mille. Pourtant, ici et là, des restes de leur pop aérienne subsiste bel et bien dans ce deuxième album. Il y a notamment How does it make me feel, kitsch et langoureux, ou même People in the City, très « Air », plus qu'un Surfin in a rocket (très très bon !) par exemple. Bref, «Patience et longueur de temps font plus que force et que rage.» (deux proverbes en un article, décidément, il est grand temps que j'arrête). Ne polémiquons plus (et tout seul en plus), car un jour, tous ces braves ingénus réaliseront qu'ils sont passés à côté d'un chef-d'oeuvre, et ce de trop longues années… Ah la la, dur de tenir seul la Vérité…


  PS: pour ne pas rester sur une phrase trop prétentieuse quoique sincère, juste pour rappeler que 10000 Hz Legend aura droit à son album de remixes, baptisé subtilement Everybody Hertz (c'est REM qui a dû être content), preuve encore que l'influence de cet album suit son cours. Car est-ce que Moon Safari , Premiers symptômes, la BO de Virgin Suicide , ou Talkie Walkie ont leur album de remixes ? Non que je sache, alors quoi… (eh ben, pour la conclusion plus modeste, on repassera !)

A ne pas manquer:
    Don't be light
    Electronic Performers
    Wonder Milky Bitch
    The Vagabond

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
     Daft Punk
    Brian Eno
    Astralpioneers
    Beck