42.Here are the Sonics

The Sonics
Garage
Norton   (Album Remasterisé (bonus tracks, EP...) )
Etats_Unis  01/1965

    Un jeu amusant chez les journalistes de magazines rock : trouver l'origine du punk, autre part que dans sa naissance historique, au beau milieu de l'Angleterre en 76. Et force est de constater que le punk a des origines assez… diverses. Certains le disent en droite ligne de la musique rageuse de Détroit, avec les MC5, adeptes du son live (qui souffre quand même d'un assez mauvais batteur), et surtout les Stooges d'Iggy Pop, qui aligneront dans la douleur et la drogue trois albums de références. D'autres le placent sous la tutelle du CBGB new yorkais, avec pour mère Patti Smith et père potentiels, les New York Dolls (pères / mères ?), les Talking Heads, ou même Suicide. D'autres encore le prétendent californien, un exemple tout à fait recevable à l'appui, les Flamin' Groovies… quelques uns enfin, minoritaires, déclarent le punk natif de Seattle, issu du son inconnu alors, de deux groupes : les Pacific North West Sound, et les Sonics. En tout cas, une chose est sûr, le punk est donc né en Amérique, en fin de compte!?!
  Même si ces conjectures d'affiliation peuvent amuser ou agacer tant ces déclarations semblent être écrite pour faire sensation (car en somme, les vrais punks ont autant été influencés par le jeu scénique d'Iggy que le glam de Marc Bolan, et il est inutile d'essayer de faire démarrer le mouvement dans les sixties, tant il est avant tout d'ordre politique et social, et qu'il est une contestation d'une époque…), on peut quand même être impressioné par le son novateur qu'aura su proposer ces faux « pères du punk », mais par contre vrais pères du garage. The Sonics fait ainsi preuve quasiment d'anachronisme. Imaginez un peu que ce groupe est apparu à la première moitié des sixties, déjà hypnotisée par les Beatles, et écoutez la violence du son qui s'en dégage… Un jeu de batterie clair et exemplaire, des guitares vrombissantes, et une voix rendue roque, renversante de maîtrise à faire oublier les cris d'Alan Vega ou même le Helter Skelter de Macca. Bien sûr, on reconnaît le contexte par la musique (et pas seulement sur la énième reprise de Roll over Beethoven de Chuck Berry) qui reste dans sa grande majorité très twist, très sixties ( Do you love me, Dirty Robber…), mais cette musique-là procure une drôle de sensation : un peu comme si un groupe de garage rock reprenait des partitions issues des années soixantes. Car il y a bien une patte Sonics (au risque de parfois paraître un peu répétitif, mais vous connaissez du punk varié, vous?), une voix inimitable qui crie entre chaque pont, et une instrumentation qui serait capable de rendre dansant la ballade la plus mièvre. A rajouter à cela des morceaux entêtants et totalement inclassables, tels celui d'introduction, The Witch, flippante, avez-vous dit ?

  Here are the sonics sera suivi de quelques albums qui ne cesseront de se répéter et n'atteindront jamais la force brute de ce coup d'essai marqué. Il reste le genre d'album qui pourrait nous faire croire par son écoute, que le punk, le grunge et le garage rock ont donc bien été inventé une décennie avant ce que l'histoire nous a appris. Et dire qu'on était prêt à douter de la sincérité des journalistes…

A ne pas manquer:
    Psycho
    Boss Hoss
    Strychnine
    The Witch

Si vous avez aimé, vous avez aussi:
    The Stooges
    MC5
    The Small Faces
    The Band